De l’amour à la haine

Je voulais aborder un sujet avec vous qui n’est pas très gai mais auquel nous pouvons tous être confrontés un jour ou l’autre au cours de notre existence : la détérioration des sentiments. Qu’ils soient amoureux , familiaux ou amicaux, c’est aussi complexe à gérer que douloureux à vivre.

Voyez-vous, suite à mon déménagement en Ardèche, j’ai été contrainte de retourner vivre chez mes parents durant quelques mois car les travaux ont pris beaucoup de retard et ma courte location temporaire de 3 mois n’a pas été suffisante pour palier aux impératifs. Je ne vous cache pas, qu’à mon âge, c’est très compliqué de subir une cohabitation, d’autant plus que, dans mon cas, elle est particulièrement difficile car il y a tellement d’interdits/obligations dans la maison de ma mère que cela ressemble plus à une prison qu’à un foyer… Limite pour se faire un thé il faut demander une dérogation en 3 exemplaires… D’où ma présence sporadique par ici ces derniers mois, il m’est très difficile d’écrire car pour cela il faut du calme et avoir l’autorisation de sortir le PC plus de 10 minutes consécutives sans avoir quelqu’un qui vous hurle « si t’as rien d’autre à foutre je vais te trouver une activité« …
Inutile de préciser que non, bloguer n’en est pas une, ça ne rapporte pas d’argent, donc pour ma mère c’est aussi futile qu’inutile.

Je suis partie assez jeune de chez mes parents car je n’ai été que trop confrontée à la violence et je ne m’y sentais pas à ma place, telle une pièce rapportée qui dérange. J’ai toujours été très indépendante ; j’aime par dessus tout la solitude. J’ai besoin de vivre en paix, sans confrontation constante. Ce n’est hélas pas la même chose dans tous les foyers. J’ai assisté durant des années au déclin du couple formé par mes parents. Ce n’est pas quelque chose d’aisé de servir d’arbitre et de devoir être confrontée à prendre position alors qu’on aimerait ne pas avoir à s’en mêler.

 

 

Lorsque j’étais enfant, ils étaient assez fusionnels, au point de ne pas avoir ma place parmi eux. Je ne suis jamais partie en vacances avec mes parents, je n’ai jamais été au cinéma, ni au musée avec eux, rien, aucun bon souvenir ne nous lie.

Puis les disputes furent quotidiennes, pour des broutilles. Sans surprise, elles ont laissé place à la violence… Verbale dans un premier temps, puis physique. Les coups pleuvaient des deux côtés, les objets volaient. Si je ne parvenais pas à m’en extraire alors je devenais malgré moi le punching-ball de leurs frustrations personnelles refoulées. Alors j’ai fuis, par survie, tout en sachant que mon absence ne réglerait en rien leur quotidien, ponctué d’appels à la gendarmerie, de dépôt de plainte et de séjours aux urgences. Je pense pouvoir dire sans honte que j’ai rêvé qu’ils divorcent, mais la séparation n’a jamais été envisagée car je crois que malgré la haine profonde qu’ils se portent, ils sont incapables de vivre autrement.

 

C’est très déstabilisant de voir qu’un amour passionné puisse se transformer en dégoût de l’autre avec le temps. Ainsi les années ont passée mais leurs habitudes n’ont immuablement pas changées. Aujourd’hui encore, il est impossible de prendre un repas sereinement sans entendre des noms d’oiseaux, de voir des objets voler et des mains se lever. Et le pire dans tout ça, c’est qu’en étant adulte maintenant, mes parents attendent de moi que je prenne position alors que ce n’est pas mon rôle. Être témoin est déjà suffisamment éprouvant comme ça, toute mon énergie y passe à temporiser, il faudrait que je parvienne encore à argumenter. Je n’en ai ni l’envie ni la force. Surtout que les tords sont partagés.

Mon père est plutôt fermé, c’est impossible de parler avec lui, il s’occupe de toute l’intendance sans jamais dire lorsque cela ne va pas, demander de l’aide étant un signe de faiblesse.
Ma mère est une égoïste se comportant en princesse, n’ayant aucun sens des priorités ni des responsabilités, elle est capricieuse et attend des autres qu’ils soient entièrement dévoués à sa personne. Se sentant dévalorisée par sa position de femme au foyer, elle s’est réfugiée dans le ménage intensif, se rendant esclave de sa maison, temporisant son quotidien aux tâches ingrates et ne s’accordant aucun répit récréatif. Pas de visites d’amis, ça salit ; pas de jeux, ça dérange ; pas de cuisine récréative, ça contraint à ré-nettoyer. Ainsi sa maison est devenue un carcan végétatif, un cercueil, un musée immuable dans lequel la vie n’a pas sa place. En vieillissant, ne parvenant plus à faire face, elle contraint son entourage à prendre le relais, puis elle se plaint de sa vie minable dont la faute ne peut être qu’imputable aux autres…
Ce n’est pas ma vision des choses. Personne n’a une vie parfaite. On vit des moments exceptionnels, ponctués de périodes plus ou moins difficiles, mais quoi qu’il en soit, on demeure acteur de sa vie. Attendre de son entourage une solution à tout n’est pas pertinent en soi. Hors comment parvenir à raisonner des gens qui n’ont pas les mêmes positionnements que les vôtres?

 

 

De l’amour à la haine, la frontière est si mince. Se dire que ce qu’on a admiré un temps chez l’autre est la chose que l’on déteste le plus par la suite est déstabilisant, improductif, voire destructeur. Qui peut raisonnablement dire qu’il n’a jamais été déçu par une personne à qui on a tout donné et qui un beau jour, alors qu’on ne s’y attend pas, jette son fiel sur vous sans autre procès? Les relations entre les individus sont extrêmement complexes au cours d’une vie mais on s’attend à ce qu’au moins le lien familial soit un pilier fondamentalement structurel qui nous construit, nous aide à avancer, comment procède-t-on lorsque c’est une base à laquelle on n’a pas pu prétendre?

 

RETROUVEZ-MOI SUR FB / SUR TWITTER / SUR INSTAGRAM

 

7

4 réflexions sur “ De l’amour à la haine ”

  • 17 février 2019 à 20h11
    Permalink

    ????dur dur ! Ma belle j’espère qu’une fois installée, tu pourras faire ce que tu veux. ????????

    Réponse
    • 17 février 2019 à 20h20
      Permalink

      Merci, j’avoue que ce n’est pas gagné car je ne serai pas bien loin, donc toujours témoin malgré moi…

      Réponse
  • 17 février 2019 à 20h49
    Permalink

    J espère que ton « calvaire » ne va pas durer trop longtemps et que tu arrives à t echapper de temps en temps

    Réponse
  • 20 février 2019 à 11h20
    Permalink

    Bonjour! J’aime votre sens du style et je passe lire le blog regulierement. Votre temoignage m’a touché, pas facile d’avouer que tout n’est pas toujours rose avec sa propre famille et meme si on fait des efforts pour serrer les dents, des fois c’est juste trop a supporter. Je vous souhaite beaucoup de courage et de retrouver votre independence rapidement. Je vous felicite pour votre refus de prendre parti et votre esprit diplomate, face a des parents parfois inbuvables, ca demande beaucoup d’effort.

    Réponse

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.