Journal de bord d’une année atypique

Hello, hello

On dit parfois qu’en observant les premiers jours de l’année, ça nous donne une tendance globale sur notre perspective future…
Ce n’était clairement pas une année à jouer au loto. Si j’avais su, j’aurais délibérément choisi d’hiverner. Je ne vous dis pas tout par ici, mais ce ne fut pas une période simple. Elle fut riche en rebondissements pour le palpitant, mais pas toujours positivement malheureusement. Au final, je finis 2020 avec les mêmes problématiques que fin 2019, avec cette impression de temps gâché et d’inaction alors que j’ai pagayé sans relâche…
J’ai essayé de rédiger mon bilan annuel en choisissant un code couleur :
Bleu = positif / Noir = neutre / Rouge = négatif
Comme vous pourrez le constater, ça avait pas trop mal démarré, j’avais espoir et puis ce fut la chute et l’enchainement de « drames ».

 

01 Janvier 2020 :
Ma tante nous appelle en pleurs pour nous raconter comment le meilleur ami de mon cousin (28 ans) s’est tué accidentellement le soir du réveillon, devant lui.

03 janvier :
J’ai rendez-vous avec un psychologue du travail chez Pôle Emploi pour essayer de dénouer ma situation, chercher des solutions et me sortir de la précarité des ASS.
Il me propose de m’aider à monter un dossier auprès de la MDPH pour obtenir une reconnaissance handicapée, des formations allant avec pour me reconvertir, voire une potentielle aide AAH.
Après plusieurs mois d’errance face à ma situation où la médecine du travail s’opposait à ma reprise d’activité dans ma profession, jugée trop fatigante pour moi, et où la SS faisait la sourde oreille, enfin une lueur d’espoir…
De plus, il raye mes anciens métiers de sa base de données et m’interdit de perdre mon temps à postuler dans mon ex-domaine d’activité.
J’ai choisi d’être « Rédactrice de contenus web » en attendant d’y voir plus clair, même si je sais pertinemment que là où j’habite ça n’existe pas.

10 janvier :
C’était ma dernière séance de kiné et j’ai toujours les articulations de l’épaule et du poignet gauches bloqués.
Après plus de 8 mois de souffrance et d’incapacité quotidienne (c’est utile un bras qu’on peut bouger), c’est une épreuve morale de ne percevoir aucune amélioration.

23 Janvier :
Je vois sur Pôle Emploi le poste de mes rêves et je me mets à y croire!!! Peut-être qu’enfin la chance va me sourire.
La directrice est une collègue, je fais du bénévolat dans cette structure depuis 1 an. Mon CV et expériences collent à 100%.

29 janvier :
Je fais un A/R sur Marseille pour voir mon généraliste qui m’aide à bétonner mon dossier médical pour ma demande MDPH en me disant que je devrais y parvenir sans problème.

06 février :
Mon maire me propose de devenir conseillère municipale sur sa liste (unique) pour les élections. Sachant que je fais beaucoup de bénévolat pour la commune et que les habitants m’apprécient, il voudrait que je l’aide à moderniser son approche, à gérer sa communication, et à être plus présent sur les réseaux sociaux.

19 février :
Piratage de mon blog, remis à zéro, vierge, j’ai bien failli perdre 8 ans de boulot malgré mes sauvegardes récurrentes.

20 février :
Ma mère tombe malade, vraiment malade comme un chien, une vilaine pneumonie carabinée (mais pas le covid dit-on à l’époque car pas de test)…

28 février :
Je fête mes 40 ans… toute seule. Mon père m’a acheté un gâteau que je mange dehors sur la terrasse, dans le froid glacial, en jogging moche, pour ne pas risquer une contamination.

J’apprends aussi ce jour qu’une deuxième liste de fervents opposants au maire vient de s’inscrire aux élections municipales.

05 mars :
Réception d’un courrier recommandé.
Souvent ça pue mais là, c’était une copie de mon dossier médical pour la MDPH suite à une demande formulée auprès de la médecine du travail pour en obtenir une copie (après harcèlement).
Joie et bonheur de constater qu’il était vide, mise à part mes tests ophtalmiques dont on se fout royalement, j’y vois parfaitement. Ravie d’apprendre que des gens qui me mettent des bâtons dans les roues pour conserver un emploi depuis des années ne font pas leur job en laissant un dossier entièrement VIERGE alors que j’ai une pathologie invalidante nécessitant des aménagements!

08 mars :
Nous parvenons à nous réunir au restaurant pour fêter les 80 ans de mon oncle qui souffre d’un cancer virulent. Les médicaments de chimio se font rares ou sont réservés aux plus jeunes.
Il a peur de ne pas tenir encore bien longtemps alors il était heureux de tous nous rassembler malgré le contexte morose de pandémie qui nous frappe de plein fouet.

15 mars :
Nous perdons les élections municipales… Après une campagne difficile (et je ne pensais pas devoir dire ça dans un village de 1100 habitants), les électeurs ont manifesté un besoin de changement et de renouveau. Ils ont opté pour la jeune équipe inexpérimentée qui leur a promis monts et merveilles avec un budget proche du néant…

17 mars/ 11 mai :
Confinement. 2 mois d’enfermement dans ma campagne perdue à jardiner, au soleil. Alors certes, pas le pire des confinements, j’ai été plutôt privilégiée, mais il faut aimer la solitude car à part des sangliers, renards, chats, je ne croise pas âmes qui vivent.

Et puis j’ai dû faire le deuil de fêter mes 40 ans en famille, ainsi qu’avec mes amis (ce qui était prévu le 24 mars). 10 ans que je n’avais rien pu célébrer pour x raisons, la déception fut incommensurable.

28 avril :
Mort du chien de ma voisine qui me tenait compagnie chaque jour… RIP

25 mai :
Face à la crise du Covid, la création du poste de mes rêves a été annulée, sans certitude d’être recréer l’année prochaine.

28 mai :
Ma nouvelle conseillère Pôle Emploi fait un point avec moi et me fait postuler en candidature spontanée auprès de toutes les structures similaires. J’ai beau lui expliquer qu’elles sont toutes fermées pour une durée indéterminée, elle insiste. Bilan, zéro retour après des dizaines d’envois, c’était à prévoir.

01 juillet :
L’été arrive mais c’est une sensation bizarre car toutes les manifestations/ divertissements sont annulés. Notre village va passer de 1100 habitants à 10 000 en l’espace de quelques jours et je ne suis pas prête à me confronter à tous ces touristes en période de pandémie. Ajouté au 40 degrés, je vais être à nouveau en confinement estival.

J’ai rendez-vous avec le nouveau maire pour mes activités bénévoles. Je gère un jardin communautaire au sein d’un musée. Bref, il en ressort qu’il est très content d’avoir des gens actifs (et gratuits) sur la commune mais il ne confirme pas notre budget annuel (200€). Il rejette nos devis mais nous autorise à en refaire d’autres, uniquement pour du petits matériels strictement nécessaires et nous explique de nous débrouiller pour tout le reste. Un jardin sans graines ou plantes, ça va être tout un concept. J’ai vraiment failli démissionner…

02 juillet :
Visite chez le dentiste. Avec le covid, il n’a pas le droit de me soigner, c’est original.
J’en sors tout de même avec un devis à 420€ (quasi tout à ma charge) pour changer un pansement sur une molaire.
Étant dans l’impossibilité de payer une si grosse somme, je suis bonne pour me le faire offrir en cadeau pour mes 40 ans.
Moi qui me plagnais des cadeaux de merde que je recevais la plupart du temps, au moins celui-là, je m’en souviendrais longtemps…

18 juillet :
Ma première séance de médecine chinoise. J’ai été bluffée.
Elle m’a juste tenu le poignet et m’a sorti mon compte-rendu médical des 20 dernières années alors qu’elle ne m’avait jamais vue!

Seul point positif du covid, mes voisins, presque tous en résidence secondaire, m’ont prêté leurs piscines durant leurs absences.
Ça m’évite la rivière sur-peuplée.

06 août :
La foudre a détruit notre box + mon système CPL à 80€ = plus d’internet ni TV. Idem chez les voisins (même ceux qui avaient débranché leur box)
Le plus fort, il n’y a pas eu d’orage à moins de 50km… Un mystère toujours non résolu.

26 août :
Je me retrouve les fesses parterre sans rien faire, devant ma porte d’entrée… Ma cheville a lâché subitement, sans préambule.
Bilan : entorse et immobilisation pour au moins un mois

 

 

30 août :
Je suis réveillée par le téléphone qui ne cesse de sonner (un dimanche?)
Décès de ma mamie. Et c’est à moi de réveiller mon père pour lui apprendre le départ de sa maman.
Je devais descendre fin septembre pour la voir. Avec le confinement, ça faisait longtemps que je n’avais pas pu le faire.
Elle ne m’aura pas vu fêter mes 40 ans… Pas de retour en arrière possible.
C’est une part de ma vie qui s’en va avec elle.

01 septembre :
Réveillée en fanfare par ma mère tambourinant à ma porte.
Mon père vient d’être emporté par le SAMU pour une suspicion de crise cardiaque.
Je dois trouver une solution pour récupérer sa voiture (enfin celle de ma grand-mère, morte) pour éviter une mise en fourrière à cause du passage du Tour de France.
Rappel, avec mon entorse, je ne peux pas conduire, ni marcher… Merci les voisins qui sont venus nous prêter secours.
Diagnostic : péricardite aiguë sèche (attaque virale/ bactérienne de la poche entourant le cœur). Potentiellement à cause du port du masque (merci Manu)

04 septembre :
Enterrement de ma mamie… sans nous…
La condition physique de mon père ne nous permettant pas de faire 500km A/R pour un dernier adieu.

07 septembre :
IRM de mon épaule.
Toujours un gros épanchement de synovie et une articulation très abimée par une tendinopathie.
Des restes de mon ancien métier où il fallait porter beaucoup de poids.
Pas grand chose à y faire à part s’en servir le moins possible (plus facile à dire qu’à faire).

08 septembre :
J’apprends par courrier que toutes mes demandes auprès de la MDPH ont été refusées. Cause invoquée : pas assez handicapée (il faut une incapacité supérieure à 50%).
Donc j’ai officiellement le cul entre deux chaises : trop handicapée pour garder mon métier mais pas assez pour avoir le droit à une alternative…

24 septembre :
Je fais un A/R sur Marseille pour voir un spécialiste car avec le Covid, je n’ai pas pu consulter depuis presque 1 an et je dois être suivie.
Il m’a gardé 7 minutes… 7 minutes pour 5 heures de route. J’étais pas rentrée dans son cabinet qu’il m’a pris ma carte vitale.
Il ne m’a pas examinée et lorsque j’ai évoqué mes soucis de fatigue, il m’a dit d’aller chez mon généraliste, que c’était pas son domaine.

Je me suis arrêtée 15 minutes boire un thé avec ma meilleure amie, avec cette impression insoutenable qu’on commettait un péché à se mettre en danger ainsi (car elle souffre d’une pathologie très grave)!

29 septembre :
Ce jour a un goût amer car c’était la deuxième date choisie pour fêter mon anniversaire avec mes copines.
C’était sans compter sur la fermeture des restos à Marseille. On devait aussi aller à la foire = annulée.
Bref, ça fait 1 an que j’ai pas vu mes amies et 1.5 ans ma famille.
Ma dernière sortie au resto ou pour faire du shopping remonte à novembre 2019.
Je suis vraiment lasse de cette situation.

16 octobre :
Demi-journée d’examens à l’hôpital pour une radio/écho de ma cheville.
La salle d’attente est digne d’un métro en heure de pointe. J’y suis restée 2h30.
Je dois faire une IRM. Certainement un arrachage ligamentaire.
Je dois voir un spécialiste. Possible opération ou plâtre, je suis ravie.
Finis les talons pour une durée indéterminée.

24 octobre :
Allez hop, un petit couvre-feu alors que je vis au fin fond de la cambrousse…

27 octobre :
Je parviens enfin à avoir RDVS chez le dentiste pour réparer ma dent.
Ce connard m’a bloquée la mâchoire, je dois maintenant faire des séances de kiné pour y remédier.

29 octobre :
Ma meilleure amie menace de se suicider et je suis à plus de 200km d’elle, elle ne répond plus à mes appels.
Un bon coup de stress lorsque l’on sait que chaque minute compte et que l’on se sent impuissant.
J’ai appris à la même période le suicide d’une personne âgée de ma famille proche…

30 octobre :
Re-confinement… Heureusement que j’ai des feuilles mortes en pagaille à ramasser… parce que le moral n’est pas bien haut.

13 novembre :
Mes seules sortie sont pour aller à l’hôpital, ce n’est pas très glamour. Coucou l’IRM (2 en 2 mois, je peux souscrire à un abonnement).
Bonne nouvelle, ma blessure à la cheville est moins grave que prévue, juste des séances de kiné à faire (enfin, y a 6 mois d’attente, alors).

12 décembre :
Mort du petit Zouzou, le chat de ma voisine qui était le meilleur pote de ma Shasha.
On me prévient qu’il était atteint d’un virus mortel et que la mienne pourrait être condamnée car elle partageait sa gamelle!!!

17 décembre :
RDVS en urgence chez le véto. Après le test, miracle, elle n’est pas contaminée.
Par contre, ce connard utilise un produit paralysant sur mon chat qui lui, a bien failli la tuer!!!

24/25 décembre :
Comme bien souvent, je passe les fêtes seule, avec mes parents qui s’étripent et s’époumonent alors que j’ai une migraine épouvantable.

30 décembre :
Tentative d’escroquerie Paypal via le market place de Facebook. Faut toujours bien finaliser une année de bouse.
Alors heureusement que je suis vigilante, que je connais les techniques de vol mais que d’énergie que je n’ai pas, perdue…

 

Voilà, au final, un constat pas glorieux :
– Des morts, pas du covid, mais des conséquences de celui-ci.
– Un anéantissement de tous mes projets professionnels et pas d’éclaircie prévue à long terme
– J’aime bien la solitude mais là trop c’est trop, mes amies me manquent cruellement,
ainsi que la capacité à faire des projets et à parvenir à se projeter dans le temps.
Bon bout d’an à vous tous, je sais que nous avons tous traversé de grandes épreuves.

 

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2 réflexions sur “ Journal de bord d’une année atypique ”

  • 6 janvier 2021 à 22h51
    Permalink

    Je vous envoie tout mon soutien. C’est courageux d’avoir devoilé ces peines et ces joies avec nous. Je souhaite de toutes mes forces que votre situation s’ameliore, au niveau professionnel et personnel et que vous profitiez de nouveau des joies simples de la vie. Au plaisir de vous lire de nouveau, avec heureusement plus de bonnes nouvelles!

    Réponse
    • 7 janvier 2021 à 2h46
      Permalink

      Bonjour Marie
      Merci pour votre petit mot et votre soutien.
      Je vous souhaite tous mes vœux pour 2021.

      Réponse

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