Les tribulations d’une employée corvéable – Part V – Burn out

Notre vie professionnelle peut basculer en l’espace de quelques jours, l’équilibre ne tient finalement pas à grand chose … La mienne a été fragilisée après l’annonce surprise de mon boss nous stipulant avoir embauché un nouvel associé qui allait me superviser et qui s’avérait être un escroc! Ce dernier savait que je savais et j’étais passée en l’espace d’une semaine de la « super responsable multi tâches qui assure « à la « bonne à rien » à abattre.

Face à l’urgence de la situation, ça m’a motivé à me bouger le popotin et dans les jours qui ont suivi, j’ai trouvé une annonce sur Facebook pour un concept store concurrent que j’aimais beaucoup. J’ai postulé dans l’heure, eu un entretien dans la foulée (encore un truc de fou où toute ma vie a été décortiquée au millimètre). Mais le poste était mal défini car je devais remplacer celui d’un employé (que je connaissais) alors en congé maladie. Je ne le sentais pas du tout car il pouvait légalement revenir et réclamer son emploi à n’importe quel moment. Visiblement, il s’était mis en maladie n’étant pas parvenu à résoudre ses conflits avec mon pseudo futur employeur et mon instinct me disait de fuir (croyez-en ma longue expérience). Ne voulant pas quitter un job avec une ambiance oppressante pour un autre, j’ai donc refusé l’opportunité et le boss m’a harcelé pour que je travaille pour lui en me promettant monts et merveilles. J’ai fini par accepter après que toutes mes requêtes aient été oralement validées.

 

 

2013 – Responsable Concept store déco/ Eshop/ Formatrice

Je suis arrivée en même temps qu’une nouvelle équipe que je devais former & manager. Il ne restait qu’une salariée en BTS Pro en alternance mais qui était affectée à une autre boutique pour faire de l’administratif. Le travail était physique, il y avait tellement de choses à mettre en place, je devais m’occuper du magasin, de l’Eshop, des commandes, du blog, des réseaux sociaux et former les deux alternantes au métier.

Un matin, en rangeant, je suis tombée par hasard sur le bulletin de salaire du type que je remplaçais et quelle ne fut pas ma surprise de constater qu’il touchait mensuellement 600€ de plus que moi pour le même travail et une expérience similaire !!! J’étais folle de rage, surtout qu’en recevant mon premier bulletin de salaire je ne pus que constater que la somme promise n’était pas à la hauteur de mes espérances!

 

 

5 mois plus tard, big boss organisa une réunion pour nous annoncer que toute l’équipe était licenciée (sauf moi). Voilà comment je me suis retrouvée à devoir remplacer 4 personnes qui étaient réparties sur 2 magasins + Eshop! Mon boss avait promis/juré de m’aider mais il était toujours à l’étranger (soit disant pour trouver de la marchandise mais je voyais défiler sur FB des photos de beach party, de soirées alcoolisées, de fêtes gargantuesques, à Bali, en Thaïlande)… Et puis de toute manière, quand il était là, il ne servait à rien car il végétait sur son iMac toute la journée. Je devais tout faire, régler tous les problèmes, réparer l’informatique constamment en panne, j’étais aussi en première ligne pour les fournisseurs qu’il avait cessé de payer. Il n’attendait pas de moi que je résolve uniquement SES problèmes, mais aussi que j’accomplisse des miracles au quotidien!
Faute de personnel, je devais parfois être sur deux boutiques à la fois, sauf que je n’ai pas le don d’ubiquité ! Je n’avais presque plus de pauses déjeuner car je les passais à la Poste pour les clients. Comme si ça ne suffisait pas, il me larguait sa fille de 8 ans en fin de journée (donc à l’heure où les clients arrivent), et comme toute gamine de son âge, il fallait la faire goûter, lui faire faire ses devoirs, elle voulait jouer, enfin la pauvre, elle voulait de l’attention…

En fait, je bossais pour un ado capricieux ayant l’habitude de vivre dans le luxe (il n’avait que 3 ans de plus que moi) qui avait besoin d’une assistante de vie. En plus de mon taff en magasin, il me demandait d’aller aux impôts pour payer ses amendes de stationnement durant ma pause déj parce qu’il avait zappé et allait avoir une majoration (ben voyons, je m’en fous), de rédiger son courrier de résiliation pour la box de son domicile (je suis tellement plus douée que lui pour ça), d’organiser son déménagement (certes, oui c’est chiant), et le top du top, je devais gérer les furies de son ex-femme…

Bref, j’étais devenue son esclave, je n’étais plus vendeuse au Smic, mais son assistante personnelle H24 … Mon corps me lâchait petit à petit, j’ai fait un BURN OUT !

 

 

J’ai été contrainte de ralentir, je ne parvenais plus à sortir la tête de l’eau. J’arrivais le matin en pleurs ne sachant par quelles taches commencer tellement c’était devenu ingérable. Je me tapais des crises d’angoisse, et lui, il demeurait zen, il se foutait de tout!
Je passais ma journée à ranger pour que ce soit nickel, lui restait 2h, il y en avait jusqu’au plafond et je devais sans cesse tout recommencer…
Moi j’essayais de tout anticiper les problèmes, les factures, les arrivages; lui faisait les choses au jour le jour…

 

 

Sauf que les fêtes de fin d’années arrivant, les choses ont empiré, j’étais dépassée, je recevais entre 2 à 4 palettes de marchandise par jour, en étant seule, avec les 3 téléphones sonnant non stop, les voleurs qui venaient nous piller à surveiller, les clients mécontents et relevant gracieusement ma pseudo « incompétence » à les servir rapidement… Le magasin était jonché de marchandises au sol, ça en était même dangereux, on ne pouvait plus circuler. Ma hantise : qu’un client ou un enfant se blesse. D’ailleurs, un matin, en ouvrant, je suis tombée et je me suis assommée contre un meuble!!!

Bref, voyant qu’on avait atteint le point de non retour, il a donc jugé que je n’étais plus assez productive et le gentil patron (en apparence) est devenu subitement un bourreau (un vrai pervers narcissique). Il s’est mis à me harceler, à me rabaisser, à me parler comme une merde devant les clients. Il m’a évalué pour mon entretien annuel avec un questionnaire dédié aux employés en Bac pro alors que j’ai plus de 15 ans d’expérience. Et pour couronner le tout, il m’a traité de voleuse car il ne trouvait plus des trucs et que les stocks étaient erronés (ce fut la goutte d’eau qui a fait exploser le vase)! Sauf que c’est le seul commerçant au monde à démarrer son inventaire annuel comptable mi-janvier et à le valider fin mars! Non, mais Allo la Terre, c’est un truc à effectuer en 24/48h, sinon, bien entendu que les stocks sont faux!!!

Bilan, j’ai craqué, j’ai demandé une rupture conventionnelle. Il a accepté à condition que ça ne lui coute rien (je précise que c’est un fils à maman millionnaire, il travaille juste pour se donner une consistance dans la vie, il m’en a pas besoin pour vivre).

 

 

 

J’ai donc dû me rabaisser à lui restituer ma prime obligatoire de départ en espèce pour obtenir les papiers nécessaires à ma réinscription au chômage (bonjour chantage, adieu 575€). Mais comme si cela ne suffisait pas, il m’a aussi prévenu en partant qu’il ferait en sorte que je ne puisse plus retravailler dans le métier, car « il connaissait tout le monde« , mon humiliation suprême pour avoir osé défaillir et quitter son entreprise !!! Le pire dans tout ça, c’est que je suis une personne ayant une éthique, je ne l’ai pas planté du jour au lendemain, je ne me suis pas mise en maladie en pleine période de fêtes, non! J’ai respecté les règles, effectué mon préavis, je me suis même investie jusqu’au bout pour finaliser tous les projets en cours et que les commandes clients soient honorées! Je me suis même déplacée chez des fournisseurs pour récupérer des articles durant mes jours de repos.
Au final, c’est hyper frustrant de se dire que si j’avais fait un banal abandon de poste, j’aurais été vachement moins pénalisée!

C’était en 2015, depuis, je ne suis effectivement jamais parvenue à réobtenir un CDI sachant qu’il continue depuis plus de 2 ans son travail de sape à mon égard… J’effectue donc des remplacements en CDD.

 

2016 – Vendeuse en mobilier de luxe

Après plusieurs mois de chômage nécessaires pour me refaire une santé après mon burn out, j’ai donc atterri dans une grande enseigne de mobilier chic pour un remplacement de 5 mois. L’équipe était sympa mais le travail inintéressant, régi par des règles stupides à appliquer scrupuleusement. Le lundi, tu imprimes les prix en bleu, le mardi tu les refais en jaune et le jeudi il faut changer la taille des étiquettes…

 

 

Tu rajoutes à cela le fait d’être obligé de s’habiller en noir (quelle horreur) et une manager qui te dit ouvertement qu’elle ne t’a pas choisi et qui prend plaisir à te faire devenir chèvre. Alors lorsqu’un CDI m’a été proposé, je l’avoue, j’ai fui. Impossible pour moi de travailler dans ces conditions sans retomber en dépression.

 

2016/2017 – Vendeuse déco cadeaux ludiques

Par chance, j’ai enchainé de suite sur un renfort d’un mois durant l’été pour une marque que j’adorais depuis toujours et que je connaissais bien l’ayant distribuée auparavant. J’avais formé précédemment la responsable, nous avions bossé ensembles chez le pervers narcissique, ça rapproche !
J’avais espoir d’obtenir un poste par la suite. Ce fut un pari osé que de refuser un CDI au profit d’un court CDD, mais il fut payant car la direction parisienne m’a rappelé 1 mois plus tard pour effectuer un autre remplacement. On m’a même promis un CDI, voir un poste d’adjointe. J’ai donc mis beaucoup d’énergie pour obtenir ce Graal. J’ai remplacé au pied levé tous les absents, gérés l’administratif, fait pleins d’heures supp.

Or 7 jours avant la fin de mon contrat, j’étais surprise de me voir au planning jusqu’à la fin du mois alors que je devais prendre des congés. J’ai été voir la responsable pour lui en parler et là elle m’a sorti « non mais c’est pas parce que tu es inscrite au planning que tu restes !!! Le siège veut embaucher un homme donc si t’as d’autres plans, rabats-toi dessus car ils ne t’embaucheront pas » ! J’étais furieuse d’avoir encore été prise pour une conne…

 

 

Dans mon malheur, il se trouve que durant mon CDD, la directrice de l’enseigne d’ameublement où j’étais précédemment me harcelait pour que j’accepte de revenir faire un remplacement dans son enseigne. N’ayant pas d’autres alternatives, j’ai accepté sa proposition (tout pour éviter le chômage) ! La connaissant bien, on a tout géré oralement. J’ai pris mes congés comme prévu. Sauf qu’une semaine avant de démarrer, un employé m’a appelé pour m’avertir que la directrice avait été mutée (assez violemment) et que mon contrat tombait donc à l’eau, nouveau directeur = nouvelle équipe…

Voilà pourquoi je me retrouve encore au chômage, en étant plutôt désespérée car Marseille est une « petite » ville et qu’en l’espace de 15 ans, j’ai fait le tour de la quasi-totalité des enseignes qui recrutent… Il ne me reste que 220 jours de chômage… Tic Tac Tic Tac…

 

Conclusion :

La question que je me pose à ce jour est : Comment faire abstraction d’autant de mauvaises expériences afin de parvenir à trouver ma place sur le marché du travail dans le contexte actuel ? Je ne rentrerai jamais dans les cases, je m’y refuse, cela va à l’encontre de ma déontologie. Je n’accepterai jamais de jouer un jeu pervers dans le simple but de garder ma place même si je suis consciente du fait que dans la jungle, la loi du plus fort demeurera inaliénable.  Une chose est sûre,  je n’ai jamais perdu espoir de tomber un jour sur une hiérarchie honnête et respectable, mais elle se fait vraiment attendre. Par contre, je ne fermerai jamais les yeux sur des conditions de travail intolérables encore aujourd’hui, une habitude qui tend malheureusement à se normaliser avec la persistance de la crise, et je continuerai à les dénoncer avec virulence, quoi que cela m’en coûte pour mon avenir…

 

Si vous les avez ratées :
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